Quelles sont les énergies à notre portée ? Celles que l’on maitrise, celles qu’on ne maitrise pas encore et leur impact sur l’environnement.
Sommaire
Les énergies fossiles
Elles ont deux particularités :
- Elles sont issues de matières organiques constituées dans le sol en quelques centaines de millions d’années. Elles sont disponibles en quantité limitée, ce qui implique un épuisement plus ou moins rapide, cette raréfaction entraînant une hausse prévisible des coûts. De plus, leur extraction génère des impacts environnementaux souvent importants, tels les émissions de méthane liées à l’extraction du charbon.
- Une fois collectées, elles font l’objet d’une transformation, la combustion, qui génère une production importante de dioxyde de carbone (CO2), principal responsable de l’effet de serre et du réchauffement climatique.
Elles sont principalement issues du charbon, du pétrole et du gaz naturel.
Le charbon
Largement associé à la révolution industrielle du XIXème siècle, le charbon est historiquement la première énergie fossile utilisée avant le pétrole et le gaz naturel; et reste aujourd’hui la première utilisée dans le monde pour la production d’électricité. Contrairement à d’autres énergies fossiles, il n’est pas en voie de raréfaction.
Le charbon est une roche combustible née de la décomposition lente de végétaux ensevelis dans l’écorce terrestre. Il est utilisé comme carburant et combustible, pour le transport, le chauffage et la production d’électricité dans des centrales thermiques.
Les problèmes posés par le charbon :
- L’extraction du charbon est source de nombreux accidents pour les mineurs, qui respirent également de nombreux gaz et poussières nocifs pour la santé.
- La combustion du charbon est celle qui génère le plus de dioxyde de carbone de toutes les énergies, principal responsable de l’effet de serre. Elles propage d’autres gazs nocifs, tels les oxydes d’azote et de soufre, causant par ailleurs des pluies acides.
Le charbon demain ?
Du fait de ses impacts climatiques, cette énergie fait l’objet de nombreuses recherches pour parvenir au développement du “charbon propre” visant à réduire les émissions toxiques. Elles sont toutefois freinées par des contraintes économiques importantes, ce qui ne permet donc pas d’envisager aujourd’hui le charbon dans le mix énergétique durable de demain.
Pour aller plus loin :
https://www.planete-energies.com/fr/medias/points-de-vue/l-avenir-du-charbon
Le pétrole
Première source d’énergie dans le monde depuis la moitié du XXème siècle devant le charbon, le pétrole est partout dans notre quotidien : carburants, électricité, chauffage, mais aussi plastiques, peintures, tissus, colorants, cosmétiques, …
Le pétrole permet la production d’électricité par sa combustion dans une centrale thermique, comme les autres énergies fossiles.
Le pétrole est issu de la décomposition et de l’enfouissement progressifs de débris végétaux et animaux au fond des océans, sous l’action progressive de la pression et de la chaleur. Il prend différentes formes, du liquide clair à un quasi-solide noir.
Son exploitation se fait en deux phases :
- l’exploration : véritable enjeu pour les compagnies pétrolières du fait de la raréfaction du pétrole, la recherche de nouveaux gisements, sur terre ou en mer, génère de nombreux impacts sur l’environnement (faune, flore, ecosystèmes côtiers) ainsi que sur l’activité de la pêche.
Elle s’opère par la génération d’ondes sonores ou sismiques.
Elle peut se faire par le biais de canons à air produisant des explosions sismiques affectant de nombreux poissons. - l’extraction : Cette étape libère d’importantes quantité de gaz naturel, pas toujours exploité, et dont l’effet de serre est 25 fois plus important que celui du gaz carbonique. A ce titre, cette opération représenterait 15 à 40% des émissions carbone totales.
- le transport : effectué généralement sur des distances très longues, l’acheminement de pétrole a déjà vu de nombreuses conséquences environnementales : marées noires, dégazages des pétroliers ou encore fuites d’oléoducs.
- le raffinage : c’est l’étape de transformation du pétrole, la matière première, en produits finis, dont le fioul, combustible pour la production d’électricité (et le chauffage). C’est l’une des l’une des principales industries émettrices de gaz à effet de serre dans le monde.
- La production d’énergie : Les centrales thermiques, utilisent le fioul, de même que le charbon ou le gaz, comme combustible, le transformant ainsi en électricité. Cette nouvelle étape génère aussi des quantités importantes de CO₂, ainsi que des dioxydes de soufre (SO2), responsables de pluies acides, des oxydes d’azote (NOx), …
Outre les impacts environnementaux liés à chaque étapes décrite ci-dessus, la raréfaction du pétrole pose aussi problème : bien que l’exploration permette de découvrir de nouveaux gisements, les réserves de pétrole ont été estimées à 50 années de production de 2017. Cette perspective modeste à l’échelle de l’humanité a bien sûr des conséquences sur l’inflation attendue des coûts dans les prochaines années.
D’un point de vue géopolitique, nous avons déjà pu constater les impacts en termes de stabilité économique et militaire au niveau mondial, avec bien sûr un impact environnemental additionnel, par exemple le développement du pétrole de schiste aux Etats-Unis dans le but de réduire leur dépendance économique.
Le gaz naturel
Né de la même origine que le pétrole, le gaz naturel est un combustible fossile constitué essentiellement de méthane (CH4) et est situé dans des poches du sous-sol, parfois avec du pétrole, ou est emprisonné dans la roche, dans le cas du gaz de schiste.
Troisième source d’énergie thermique après le pétrole et le charbon, le gaz naturel est exploité pour la production de chaleur et d’électricité, et s’avère moins polluant du fait d’un rejet moindre de carbone dans l’atmosphère.
Chaque étape de son exploitation présente néanmoins des inconvénients :
- Son extraction entraîne des rejets de méthane avec des conséquences importantes sur l’effet de serre. La fracturation hydraulique utilisée massivement dans le cas des gaz non conventionnels (gaz de schiste) implique de gros besoins en eau, dont une partie, contaminée par des produits chimiques, est rejetée dans les nappes phréatiques, bien que des efforts soient faits en la matière par les industriels pour limiter ces effets.
- Son transport, par gazoducs ou par navires, peut être cause d’accidents : inflammation ou projections.
- Son stockage souterrain ou aérien près des gisements ou des zones de consommation, peut faire l’objet de fuites avec des conséquences parfois graves (inflammation, explosions), comme ce fut le cas à l’usine AZF de Toulouse.
- Sa distribution jusqu’au consommateur final : un réseau de plus de 100 000 kms de canalisations enterrées en France entraîne des dizaines d’accidents parfois mortels chaque année, principalement dus aux fuites liées à des travaux opérés à proximité.
- Sa consommation : L’utilisation domestique est la principale cause des accidents dûs au gaz, dont les causes sont multiples : installations défectueuses, mauvaises manipulations d’un appareil, incendies ou intempéries, et les conséquences parfois tragiques : inflammation, intoxication, explosion.
La durée des réserves mondiales prouvées de gaz naturel a été évaluée en 2016 à 55 ans, et à plus de 200 ans si l’on intègre les gaz non conventionnels. Sa raréfaction est donc moins critique que le pétrole, mais il faut pour cela intégrer le gaz de schiste dans l’équation, avec ses conséquences vues plus haut…
Se pose enfin la question de la dépendance énergétique de la France sur cette énergie, car elle importe aujourd’hui 100% de ses besoins, principalement auprès de la Norvège (43%), la Russie (21%), les Pays-Bas (11%) et l’Algérie (10%).
L’énergie nucléaire, ni fossile, ni renouvelable ?
Utilisée d’abord dans un cadre militaire, avec les bombes atomiques américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, l’énergie nucléaire est utilisée pour produire de l’électricité à partir des années 1950.
L’uranium est principalement utilisé comme matière première, c’est un métal extrait du sous-sol terrestre dont l’énergie est produite par la fission (les noyaux des atomes se cassent) produisant de l’électricité dans les centrales thermiques nucléaires grâce à la chaleur dégagée.
Le nucléaire représente environ 10% de l’énergie consommée dans le monde, et ses partisans souhaitent la voir représenter une alternative crédible aux énergies fossiles, du fait de son empreinte carbone très faible à l’étape de la transformation.
Par ailleurs, si l’uranium est une ressource limitée, et à ce titre non renouvelable, elle n’est pas fossile pour autant, car elle n’est pas riche en carbone, contrairement au charbon et au pétrole.
Les réserves d’uranium sont actuellement estimées à au moins un siècle, sur la base de son utilisation actuelle, mais son potentiel pourrait être démultiplié avec l’avènement de la fusion, qui n’est pas encore opérationnelle actuellement.
Plus encore que les énergies fossiles, le nucléaire fait l’objet de nombreux débats entre spécialistes qui s’opposent sur la place à lui accorder dans le cadre de la transition énergétique :
- Les déchets radioactifs sont issus de résidus des mines d’uranium, de la production électronucléaire ou encore du démantèlement des installations nucléaires. Ils sont traités et stockés en surface, à faible ou grande profondeur, en mer, selon le niveau d’activité et la période radioactive, leur évacuation dans l’espace a même été envisagée ! Cette problématique pose de nombreuses questions sur l’impact réel de ces déchets sur les générations futures.
- Les risques d’accidents nucléaires : on pense tous à Tchernobyl ou Fukushima, les accidents peuvent avoir différentes origines, différents niveaux d’intensité et de risques associés pour l’homme. Sans nul doute la plus grosse crainte liée à l’énergie nucléaire.
- Les dangers indirects liés à la prolifération nucléaire pouvant déstabiliser un peu plus l’équilibre géopolitique mondial, ou encore les risques de terrorisme nucléaire.
- Enfin, un déploiement à l’échelle mondiale aurait pour conséquence de réduire considérablement les réserves en matière première.
- la question des coûts associés au nucléaire, qu’il s’agisse de la gestion des déchets à long terme, l’entretien et le démantèlement des centrales vieillissantes. Et bien sûr, le coût lié à l’innovation en la matière, qu’il s’agisse de la fission nouvelle génération ou de la fusion, dont le potentiel est encore très incertain tant les difficultés techniques sont grandes.
Les énergies renouvelables (ou EnR)
Les énergies renouvelables proviennent de ressources issues de phénomènes naturels cycliques ou constants et dont le renouvellement naturel est suffisamment rapide pour être considérées comme inépuisables à l’échelle humaine.
Elles sont également reconnues pour leur faible impact environnemental, qu’il s’agisse de rejets polluants et de gaz à effet de serre et d’émission de déchets.
En ce sens, les EnR répondent aux enjeux actuels de la transition énergétique : lutte contre le dérèglement climatique, indépendance énergétique, croissance économique, création d’emplois.
Elles ont pour origines principales :
- le soleil : source de chaleur et de rayonnement, il influe également sur les températures et les pressions atmosphériques responsables des vents, il impacte également le cycle de l’eau, ainsi que le développement des végétaux, générant la biomasse.
- la Terre, dont la chaleur interne peut également être exploitée.
Énergie solaire
L’énergie solaire est générée en captant les rayons du soleil, dont on utilise la chaleur directement (l’énergie solaire thermique), ou dont la lumière est transformée en électricité (l’énergie photovoltaïque).
L’énergie solaire thermique est employée à deux usages distincts :
- en usage direct : le rayonnement solaire est employé pour chauffer de l’eau qui va alimenter des chauffe-eau domestiques.
- en usage indirect : l’eau chauffée est transformée en vapeur alimentant une turbine au sein d’une centrale solaire thermodynamique, générant ainsi de l’électricité.
L’énergie solaire photovoltaïque est l’électricité produite par la transformation d’une partie des rayons solaires par des cellules photovoltaïques, présentes sur les panneaux solaires installés chez les particuliers ou les entreprises, ou à plus grande échelle dans les centrales solaires photovoltaïques.
L’électricité produite peut être consommée directement par son producteur (en auto-consommation), stockée en batteries, ou injectée sur le réseau.
Le photovoltaïque a pour avantage une faible émission de gaz à effet de serre, sur l’ensemble de sa durée de vie (de sa fabrication à la gestion de sa fin de vie), grâce aux efforts constants des industriels sur ce secteur, efforts ayant pour autre conséquence une baisse croissante des coûts de production.
Cette source d’énergie offre également une bonne complémentarité avec l’éolien, dans la mesure où les pics de production interviennent souvent à des moments et saisons différents.
De même, l’utilisation de métaux rares pour la fabrication des panneaux est actuellement très faible, le principal matériau utilisé est le silicium, présent en abondance sur Terre. A noter aussi que les panneaux présents sur le marché français sont recyclables à 85%, taux en amélioration constante.
Les enjeux du développement de l’énergie solaire :
- la réduction de l’impact environnemental lié à l’étape de purification du silicium, qui nécessite encore l’utilisation de produits chimiques. Ce point fait l’objet de nombreuses recherches.
- le transport : les panneaux solaires sont actuellement majoritairement produits en Asie, ce qui alourdit le bilan environnemental de l’industrie solaire. La fabrication devrait ainsi être relocalisée. De plus, la production d’électricité dans les zones les plus exposées aux rayons solaires (Afrique du Nord dans le cas de l’Europe) entraîne la question de son acheminement et des coûts associés, c’est l’un des principaux enjeux de son développement.
- le stockage : l’énergie solaire est dite intermittente, dans la mesure où elle n’est produite que lorsque le soleil brille. Elle ne permet donc pas de couvrir nos besoins en continu, ce qui implique de devoir la stocker, pour la restituer, la nuit par exemple. Cette problématique fait l’objet de nombreuses innovations actuellement, certaines techniques étant déjà en place à des degrés de maturité divers. Pour autant, le stockage reste le principal frein au développement du solaire aujourd’hui.
Énergie éolienne
L’énergie éolienne est issue indirectement des rayons solaires entraînant des différences de température et de pression dans l’atmosphère, déplaçant des masses d’air. Le vent est ainsi transformé par le biais des éoliennes (sur terre ou en mer), dont le générateur électrique permet la production d’électricité. Les éoliennes peuvent être domestiques ou industrielles, faisant alors partie de grands parcs éoliens.
A fin 2015, l’énergie éolienne représente environ 3% de la production totale d’électricité, les principaux producteurs étant la Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne. Sa technologie mature et la plus économique après l’hydroélectricité en font l’une des énergies renouvelables les plus prometteuses, notamment pour les éoliennes off-shore (en mer), bénéficiant de vents plus forts et plus constants.
Elle fait toutefois face à certaines controverses :
- Son impact sur la biodiversité (oiseaux et chauves-souris): la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a évalué que l’éolien est une cause de mortalité réelle, mais loin derrière les prédateurs naturels, les collisions avec les immeubles, les fenêtres des constructions et des voitures, les travaux agricoles et les lignes haute tension, …
- L’énergie éolienne fait l’objet de critiques concernant la pollution générée par la fabrication des matériels et leur recyclage (extraction de métaux rares et utilisation de produits chimiques). L’ADEME a créé un indicateur permettant d’évaluer l’impact environnemental des énergies, tenant compte de l’extraction et du traitement des matières premières, des processus de fabrication, du transport et de la distribution, de l’utilisation et de la réutilisation du produit fini, du recyclage et de la gestion des déchets en fin de vie. L’éolien y apparaît comme la deuxième énergie la moins polluante après l’hydroélectricité. En France, moins de 10% des éoliennes utilisent encore de terres rares.
- Elle peut provoquer des nuisances visuelles et sonores du fait de son intrusion dans les paysages naturels.
- C’est surtout une source d’énergie intermittente qui dépend de la puissance et de la régularité du vent, ce qui pose la question de son stockage, pouvant nécessiter de faire appel à d’autres sources d’énergie plus polluantes. Leur rendement est de 25% sur terre et 40% off shore.
Énergie hydraulique
L’énergie hydraulique (ou hydroélectricité) est l’énergie produite par la force de l’eau (fleuves, rivières, chutes d’eau, courants marins, …) et transformée en énergie électrique. Elle représente la première source renouvelable et la troisième source électrique mondiale après le charbon et le gaz.
L’hydroélectricité provient de différentes sources :
- Les centrales au fil de l’eau : principalement installées dans des plaines, elles fonctionnent sans retenue d’eau, et donc sans capacité de stockage. Elles représentent près de la moitié de la production hydroélectrique française.
- Les centrales hydroélectriques avec retenue d’eau (écluses ou barrages), elles sont situées en moyenne et haute montagne et permettent la gestion des pics de consommation.
- Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) possèdent deux bassins, un bassin supérieur et un bassin inférieur et intègrent un système de pompage permettant de stocker l’énergie produite par d’autres types de centrales lorsque la consommation est inférieure à la production. Elles représentent donc une solution au problème de stockage des énergies intermittentes (solaire et éolien), et assument actuellement la quasi-totalité du stockage de l’électricité dans le monde.
- Les centrales maritimes utilisent l’énergie des marées (usines marémotrices), des vagues (fermes houlomotrices) ou des courants marins (hydroliennes). Prometteuses du fait de l’étendue des océans, elles sont encore peu exploitées.
L’hydroélectricité présente de nombreux avantages, parmi lesquels de ne dégager ni gaz à effet de serre ni de déchets. Elle est aussi un atout en termes d’indépendance énergétique, contribuant à la création de nombreux emplois liés à l’industrie, ainsi qu’au tourisme, grâce à l’aménagement des retenues d’eau qui deviennent ainsi des zones de loisirs. Son rendement est également très bon, situé entre 70 et 80%, ce qui signifie que la perte d’énergie liée à la production d’électricité est très faible.
Cependant, des impacts environnementaux peuvent survenir dans le cas de structures très importantes impliquant de créer des barrages et des retenues d’eau artificielles, modifiant l’écosystème (disparition de terres agricoles, déplacements de population et de la faune), voire engendrant des catastrophes, comme ce fut le cas au Laos en 2018.
On peut également noter que les principales émissions de gaz à effet de serre liées à l’hydraulique concernent les barrages dont les réservoirs emmagasinent des matières organiques, dont la décomposition engendre du carbone et du méthane, leur importance variant selon la taille du barrage et les conditions climatiques environnantes.
Enfin, l’hydraulique est soumise aux variations des précipitations d’une année à l’autre.
Biomasse
La biomasse se composée de matières organiques, d’origine végétale ou animale (résidus alimentaires, bois, cadavres d’animaux, fumier, …) et destinée à produire de l’énergie, sous forme de chaleur, de carburant ou d’électricité.
Elle n’est dite source d’énergie renouvelable que si sa consommation est couverte par une régénération au moins équivalente.
La biomasse se décompose en deux familles, la biomasse sèche et la biomasse humide.
Le bois (biomasse sèche)
Utilisé directement chez les particuliers dans leur chaudière, ou indirectement en brûlant des résidus de bois et déchets secs dans les centrales électriques. Les fumées produites lors de la combustion sont réutilisées pour distribuer la chaleur ou produire de l’électricité.
La biomasse humide
Constituée de déchets biodégradables : épluchures de cuisine et des jardins (compost), boues sanitaires (WC, douches), déchets agricoles (fumier, purin, …) ou issus de l’industrie agroalimentaire, ils permettent de produire de la chaleur, de l’électricité ou du biogaz. Des biocarburants sont aussi produits à base de plantes riches en sucre, en amidon ou en huile.
L’incinération des déchets présente plusieurs avantages : la réduction du volume et de la masse de déchets en exploitant leur contenu énergétique, et la réduction de gaz à effet de serre par rapport au simple stockage de ces déchets.
La production de biogaz s’effectue quant à elle par méthanisation, la fermentation de la matière organique, générant du méthane et du carbone, permettant de produire de la chaleur et/ou de l’électricité, avec les mêmes avantages que l’incinération. Les agriculteurs produisant du biogaz peuvent également s’offrir une source de revenus complémentaire, tout en exploitant les résidus de la méthanisation comme engrais biologique, évitant la dégradation des sols liée aux engrais chimiques. Le biogaz représente donc une vraie alternative au gaz naturel.
Les limites de la biomasse
Dans son ensemble, la biomasse présente certains inconvénients notables.
Le chauffage au bois émet des gaz à effet de serre plus ou moins importants selon la qualité du bois et le type de chaudière utilisés.
La culture à but énergétique est parfois préférée à l’alimentaire, impliquant des déséquilibres générant une hausse des prix, voire la surexploitation des sols et des ressources associées (eau, engrais, …), contredisant de ce fait le caractère renouvelable de cette source d’énergie, sensée être illimitée. Les biocarburants sont particulièrement visés par ces critiques.
En somme, la biomasse constitue une réelle alternative aux énergies fossiles, mais implique une production responsable.
Énergie géothermique
La géothermie est l’exploitation de la chaleur stockée dans le sous-sol, permettant la production de chaleur et d’électricité. Selon la profondeur à laquelle on creuse, on parle de basse température (peu profond), de haute température (profond) et de très haute température (très profond).
La basse température (< 30°C) exploite la chaleur peu profonde d’origine solaire dans le sous-sol à l’aide de pompes à chaleur afin de chauffer ou refroidir maisons et bâtiments.
La basse température (30° à 150°C) exploite la chaleur de gisements d’eau situés à des profondeurs jusqu’à environ 2 000 m, et permet le chauffage des habitations, certains usages industriels et aussi le thermalisme.
La haute température (>150°) permet d’exploiter la chaleur du magma afin de produire de l’électricité ou exploiter la chaleur directement (la cogénération), la vapeur naturelle ou générée par injection d’eau alimente les turbines des centrales géothermiques.
Cette dernière est considérée comme une énergie renouvelable pour son faible bilan carbone, et le renouvellement possible des stocks d’eau dans les réservoirs géothermiques par la réinjection d’eau.
Néanmoins, l’industrie géothermique peut avoir recours à la fracturation hydraulique, technique controversée pour ses risques environnementaux et pouvant générer des micro-séismes. Les coûts élevés sont également un frein à son développement, liés à l’investissement lors des phases d’exploration, ou à son rendement encore faible.
Le banc d’essai CO2, ce que dégagent directement ou indirectement ces énergies
Après avoir passé en revue les différentes sources d’énergie permettant la production d’électricité et de gaz, il reste difficile d’avoir une vision globale, tant il est vrai que chacune a ses avantages et ses inconvénients.
Une manière de voir les choses consiste à regarder leur impact comparé en termes d’émissions carbone, responsable principal du réchauffement climatique.
Nous avons pour cela repris différentes estimations exprimées en gramme d’équivalent CO2 par kilowattheure (gCO2eq/kWh, ou gramme d’équivalent carbone par kWh) pour chaque source d’électricité, selon deux méthodologies :
- soit en émissions directes dues à l’utilisation de l’énergie chez le consommateur final
- soit en analyse du cycle de vie (ACV), tenant compte des émissions dues à l’utilisation de l’énergie mais également des émissions indirectes dues à l’approvisionnement et la transformation énergétique en amont (production, transport, distribution), et en aval (traitement des déchets, recyclage, démantèlement).
Voici les estimations d’émissions de carbone par filière :
Filières | Émissions directes
+ ACV d’après la Base Carbone ADEME (janvier 2015) |
Émissions directes + ACV d’après un rapport de 2008
de l’université de Singapour |
Émissions directes
+ ACV d’après un rapport de 2009 de l’université de Stanford |
Charbon | 1038 | 960 à 1050 | |
Fioul | 704 | 778 | |
Gaz naturel | 406 | 443 à 611 | |
Photovoltaïque | 55 | 32 | 19 à 59 |
Géothermie | 45 | 38 | 15,1 à 55 |
Nucléaire | 6 | 66 | 9 à 70 |
Biomasse | 14 à 31 | ||
Hydraulique retenue | 4 | 10 | 17 à 22 |
Solaire thermique | 13 | ||
Biogaz | 11 | ||
Éolienne | 7,3 | 9 | 2,8 à 7.4 |
Sources issues de https://fr.wikipedia.org/wiki/Contenu_CO2
Ces estimations illustrent les différences qui peuvent exister selon la méthodologie utilisée, mais aussi les techniques de production selon les pays, … et à ce titre entraînent encore beaucoup de débats au sein de la communauté scientifique, même si les énergies fossiles restent unanimement reconnues comme les mauvais élèves.
Le nucléaire se distingue positivement sur les émissions de carbone, mais pose d’autres problèmes environnementaux, comme nous l’avons vu (gestion des déchets, risques d’accidents), mais aussi économiques ou géopolitiques (démantèlement des anciennes centrales, difficultés rencontrées sur les centrales de nouvelle génération, risques de prolifération), raisons pour lesquelles le développement du nucléaire n’a pas été retenu dans les scénarios du GIEC ou de l’AIE (voir le chapitre Vers une transition énergétique).
Ajoutons qu’en France, entre l’arrêt programmé des premiers réacteurs nucléaires et le status quo sur l’EPR, le nucléaire ne rassure pas sur notre capacité à maintenir notre indépendance énergétique dans les décennies à venir.
Dans ce contexte, et malgré les enjeux importants qu’elles doivent relever de leur côté (rendement, stockage, maîtrise de la production des matériels, …), les énergies renouvelables représentent une vraie complémentarité indispensable au nucléaire.
Nous n’avons pas ici la prétention de vouloir trancher le sujet, simplement de livrer les éléments d’éclairage vous permettant de comprendre pourquoi les EnR ont une place centrale dans notre énergie de demain, selon les scientifiques et les institutions.
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