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Près de la moitié des Français ont réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années
Les Français ont tendance à manger moins de viande qu’auparavant, selon les résultats de l’enquête Harris Interactive publiée recemment. Ce changement d’habitudes alimentaires ne peut qu’être salué, tant d’un point de vue environnemental que sanitaire.
Les Français veulent réduire leur consommation de viande et, lorsqu’ils choisissent d’en manger, ils optent pour des produits de qualité, selon le récent sondage Harris Interactive commandé par l’association environnementale Réseau Action Climat.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près d’un Français sur deux, soit 48% des personnes interrogées, déclare avoir réduit sa consommation de viande au cours des trois dernières années. Et la tendance devrait se poursuivre, puisque 30% des personnes interrogées disent vouloir consommer encore moins dans les trois prochaines années.
Par ailleurs, parmi les principaux facteurs qui poussent les Français à adopter une alimentation moins carnée, l’enquête révèle que la santé est le principal facteur, comme le confirment 43 % des personnes interrogées. Viennent ensuite le bien-être animal (36 %), le prix de la viande et son impact environnemental, tous deux à 33 %.
Moins manger mais mieux consommer
Si les Français ont tendance à réduire leur consommation de viande, cet aliment est toujours aussi apprécié. Comme le montre l’enquête, une écrasante majorité de 96% déclare en consommer au moins occasionnellement.
Les éleveurs français peuvent donc être rassurés, d’autant plus que la préférence pour les viandes locales, ou du moins produites en France, est le premier critère que les sondés prennent en compte, devant le goût, le prix ou la présence d’un label.
La Commission tempère sa volonté de mettre fin à la promotion de la viande dans l’UE
La Commission européenne a assoupli sa position sur la suppression progressive de la promotion de la viande rouge et de la viande transformée dans le cadre du plan européen de lutte contre le cancer, et ce dernier changement a reçu un accueil mitigé de la part des parties prenantes.
L’Impact environnemental
Face à l’urgence climatique, ces résultats sont encourageants, car l’élevage, surtout lorsqu’il est intensif, implique, entre autres, la consommation de grands volumes d’eau et de sols pour la culture des aliments destinés au bétail, ainsi que des transports qui s’étendent souvent à l’échelle mondiale.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production de viande et de produits laitiers représente aujourd’hui près de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pourtant, s’orienter vers une réduction de la consommation de viande pourrait faire la différence, comme le souligne le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un rapport publié en 2018.
Selon leurs analyses, un passage mondial à un régime « flexitarien », qui privilégie les fruits et légumes et les protéines d’origine végétale plutôt qu’animale, permettrait de réduire les émissions d’un peu plus de 5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 chaque année d’ici à 2050 – ce qui pourrait aider les États à atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Les Français restent dans le top 6 mondial
Cependant, des progrès restent à faire, selon Anthony Fardet, chercheur en nutrition préventive à l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE).
« En France, selon l’étude INCA menée par l’Anses [l’agence française de l’alimentation], nous sommes à 40% de calories animales par jour. Nous sommes dans le top 6 mondial. L’idéal serait de réduire notre consommation de viande d’au moins la moitié« , a-t-il déclaré.
Selon le chercheur, cela peut se faire « sans aucun risque nutritionnel« , en variant les « produits animaux et végétaux restants, et surtout en évitant les produits ultra-transformés ».
« Je tiens à préciser que les régimes qui existent depuis la nuit des temps et qui permettent d’être en bonne santé et de protéger la planète contiennent moins de 25% de calories animales. Dans le régime méditerranéen, c’est un maximum de 25%. À Okinawa, c’est même moins de 10 %. Et ils ont encore des centenaires », ajoute le chercheur.
Parmi les personnes interrogées, 80% se disent favorables à ce que la restauration collective (cantines, maisons de retraite, hôpitaux, etc.) soit obligée de proposer des menus végétariens.
Ils seraient également favorables à une plus grande implication des pouvoirs publics sur ces questions, qu’il s’agisse de mettre en place des « mesures pour limiter les exploitations les plus industrielles » (83%), de promouvoir « un élevage durable » (88%), ou pour « un plus grand encadrement des échanges commerciaux avec les distributeurs, permettant une meilleure rémunération des producteurs » (89%).
Ces thèmes agroalimentaires seront à l’ordre du jour des débats dans les prochaines semaines – au niveau européen, alors que la politique agricole commune (PAC) sera bientôt renégociée, et au niveau national, alors que les débats parlementaires sur le projet de loi « climat et résilience » doivent commencer.
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