L’Empreinte Carbone des français

dimanche 11 juillet 2021

L’empreinte carbone totale de la France – y compris les produits importés – est environ 70 % plus élevée que ses émissions nationales. En 2018, elle s’élevait à 749 millions de tonnes équivalent CO2 contre 445 Mt CO2e émises au niveau national, selon le rapport du Haut Conseil du climat de la France commandé par le gouvernement et publié récemment.

Et si l’empreinte carbone totale du pays est en baisse depuis 2005, c’est « uniquement dû » à la réduction des émissions nationales, notent les auteurs.

« Les émissions importées doivent être réduites« , prévient l’organisme indépendant, estimant que cela permettrait de s’assurer que « la France ne puisse pas être perçue comme réduisant ses émissions nationales par une augmentation des importations – en faisant peser la charge de l’atténuation sur ses partenaires commerciaux« . Pour respecter l’objectif de 1,5°C de réchauffement climatique fixé par l’accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre (GES) importées par le pays devraient être réduites de 65 % d’ici 2050 par rapport à 2005, indique le rapport.

Le défi est de taille, car les émissions importées sont en hausse constante depuis 1995, contrairement aux émissions exportées, relativement stables et déjà couvertes par les budgets carbone nationaux. En 2018, la France comptait 3,2% d’importations de plus que d’exportations, contre 1,1% en 1990, une tendance à la hausse due principalement à l’augmentation de la consommation.

« Nous consommons beaucoup plus chaque année, et une grande partie de ces produits sont fabriqués à l’étranger », a expliqué Corinne Le Quéré, climatologue franco-canadienne, présidente du Haut Conseil du climat.

En 2017, 69 % des émissions importées par la France provenaient principalement de l’UE et de l’Asie. Les importations en provenance d’Allemagne arrivaient en tête avec une part de 17,5% tandis que celles en provenance de Chine atteignaient 6,5%, par exemple.

Toutefois, seul un quart environ de ces importations provient d’une région qui s’oriente vers la neutralité carbone ou s’apprête à le faire, soulignent les auteurs du rapport. Par ailleurs, les émissions du transport international (aérien et maritime) contribuent également à l’empreinte carbone de la France et doivent être comptabilisées, indique le rapport.

Selon le Haut Conseil pour le climat, les émissions des transports sont également de la responsabilité de la France et devraient être incluses à la fois dans son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, et dans son budget carbone, même si elles sont relativement stables depuis 2010, indique l’institution française, reprenant une recommandation déjà formulée dans son rapport annuel 2019.

Qu’en est-il de la taxe carbone aux frontières ?

Selon Corinne Le Quéré, le projet de taxe carbone aux frontières de la Commission européenne ne peut être la seule réponse pour atténuer l’impact de ces émissions de CO2 importées.

« La taxe carbone aux frontières est une politique commerciale qui vise à protéger les entreprises dans leurs efforts de décarbonisation. Elle n’est pas en soi une politique de décarbonisation. Mais elle pourrait avoir un effet sur les émissions, un effet qui dépendra toutefois beaucoup des secteurs qui seront visés », a déclaré Mme. Le Quéré.

« L’ajustement du carbone aux frontières n’est pas suffisant pour réduire les émissions dues aux importations. Il doit être accompagné de politiques spécifiques et nous suggérons notamment que les entreprises soient soutenues en France », a-t-elle ajouté.

Le Haut Conseil pour le climat de la France, créé fin 2018 par le président français Emmanuel Macron, a émis plusieurs recommandations au gouvernement dans chacune de ses publications.

Il s’agit notamment d’adapter les stratégies industrielles de la France pour limiter les émissions importées associées aux chaînes d’approvisionnement et d’accroître la durabilité des produits, ainsi que de clarifier les implications de la loi dite « Pacte », qui oblige les entreprises à prendre en compte les questions environnementales liées à leurs chaînes de valeur et leurs émissions importées. L’organisme a également proposé de renforcer les mécanismes existants par des sanctions, par exemple.

« Le prix du carbone des produits est actuellement assez faible par rapport à tous les autres coûts qui sont pris en compte au sein des entreprises », a déclaré Le Quéré.

« Historiquement, la fuite des entreprises de France n’est pas principalement causée par le prix du carbone mais par des facteurs beaucoup plus complexes, extérieurs à la politique carbone », a-t-elle ajouté, concluant qu' »il est possible d’avoir des stratégies de décarbonisation industrielle. »

Selon Mme Le Quéré, « le mécanisme d’ajustement aux frontières du carbone permettrait de réduire le risque de délocalisation, mais il n’est pas nécessaire de décarboner les entreprises, car beaucoup d’entre elles ont déjà entamé leur politique de décarbonisation sans cette taxe. »

Un bilan carbone inclus dans les prochains objectifs climatiques

La loi énergie-climat française adoptée en novembre 2019 prévoit un plafond carbone indicatif à partir de 2022, qui devra être inclus dans la prochaine Stratégie nationale bas carbone (SNBC) du pays, ainsi que ses budgets carbone nationaux.

Si la France devait atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, elle réduirait son empreinte carbone de 80 %, ce qui, selon le Haut Conseil du climat du pays, serait un objectif réaliste.

« Plus des trois quarts de l’empreinte carbone de la France sont liés aux décisions des acteurs économiques français, qu’il s’agisse des entreprises françaises (par leurs choix d’approvisionnement) ou des ménages (par leurs émissions directes et leurs choix de consommation) », indique le rapport.

Selon le Conseil du climat, cette part est également relativement homogène entre les différents biens et services – à de rares exceptions près, comme pour la métallurgie ou les produits de raffinage, par exemple – et augmente encore si l’on prend également en compte les décisions des acteurs économiques de l’UE.

Le rapport poursuit en disant que « les cadres réglementaires français et européens, par leur influence sur les décisions privées, peuvent influencer les émissions importées. »

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