La sobriété énergétique : faire mieux avec moins

vendredi 13 octobre 2023

Sujet tabou durant des décennies, la sobriété énergétique est devenu le sujet à la mode, à la faveur de la hausse des prix de l’énergie et des menaces de coupures de courant.
Mais c’est une notion encore mal connue, dont on perçoit surtout les aspects négatifs (privation, perte de confort), et les applications superficielles (éteindre en sortant de la pièce, couper la box la nuit, …), tout ceci conduisant à une perception globalement très éloignée de la réalité.
Il est temps de réhabiliter la sobriété, qui se présente avant tout comme l’une des recettes du bonheur !

Sobriété n’est pas austérité

Selon le GIEC, la sobriété peut être définie comme « l’ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète ».

Jean-Marc Jancovici distingue sobriété, efficacité, et pauvreté. « La sobriété, c’est se priver délibérément d’un service donné, comme baisser la température dans une pièce ou acheter une voiture plus petite. L’efficacité, c’est utiliser moins d’énergie pour fabriquer le même service. Et enfin, la pauvreté, c’est la sobriété subie car non planifiée et non organisée ».

La sobriété est pourtant souvent associée à l’austérité dans la bouche des politiques, il est alors uniquement question de rigueur, de privation, de sévérité, où toute notion de bien-être est exclue…

L’Association négaWatt (association à but non-lucratif oeuvrant pour une transition énergétique réaliste et soutenable) a quant à elle placé la sobriété comme l’un des trois piliers fondamentaux de la transition énergétique, avec l’efficacité et les énergies renouvelables. Elle résume la sobriété par : consommer moins pour vivre mieux.

Triptyque Negawatt
A la lumière de ces éléments, on peut résumer la sobriété comme un acte volontaire et conscient, consistant à faire mieux avec moins.

Mais cette notion de “mieux” reste à ce stade encore floue…

50 nuances de “mieux”

On ne va pas se mentir, même si elle n’est pas synonyme d’austérité, il faut bien pour autant admettre que la sobriété n’est pas très sexy au premier abord…

Or, étant indispensable à la transition énergétique, elle doit remporter l’adhésion du plus grand nombre, et de manière durable : il ne s’agit plus seulement de limiter sa consommation durant un hiver, sous la menace de coupures de courant…

Il est donc important de s’intéresser à ce “mieux”, car il est porteur d’un grand espoir, celui de ne pas réaliser cette transition sous la contrainte, mais au contraire d’y trouver des sources de motivation réelles et durables. En voici quelques-unes :

  • Un des “mieux” évidents que l’on entend dans la sobriété se réfère à notre environnement : comme on l’a vu, en consommant moins, on évite les nuisances induites par cette consommation, c’est donc un “mieux” pour l’ensemble du vivant : la faune, la flore, et bien sûr l’humanité. Et la conscience de l’impact positif de notre sobriété nous confère un sentiment positif en retour, celui que l’on ressent quand on fait une bonne action.
    Mais ce sentiment peut vite être éclipsé par la conscience de l’ampleur du problème écologique… ce qu’on appelle éco-anxiété. Le “mieux” induit par la sobriété ne saurait donc se limiter à celà pour être véritablement efficace. 
  • Ce “mieux” pour l’homme peut être aussi un “mieux” pour les hommes : réduire sa consommation, c’est aussi permettre un plus grand partage des ressources, une meilleure justice sociale, et un moyen d’éviter les conflits pour la quête des ressources…
    Bien sûr, là encore, des freins existent : l’abondance énergétique des Trente Glorieuses s’est accompagnée d’une montée de l’individualisme dans les pays “développés” entraînant un repli sur soi et une vision court-termiste, dont les manifestations jalonnent notre quotidien… 
  • L’énergie tend à se raréfier, en raison de son empreinte carbone et / ou de sa disponibilité, la sobriété confère à ceux qui la pratiquent une forme de résilience face à cette “fin de l’abondance” annoncée, et donc une plus grande sérénité face à l’avenir.
    Un des travers observés à ce sujet est le survivalisme reposant sur une vision apocalyptique d’un avenir où le repli sur soi serait la règle. Pour se rassurer à ce sujet, lire “L’entraide, l’autre loi de la jungle. 
  • Un autre “mieux” naît de la conscience de baigner dans une société où la consommation est érigée en moyen d’accès au bonheur, tout du moins à la satisfaction d’assouvir ses désirs, que l’on pourrait résumer par la formule “Je consomme, donc je suis.”, se manifestant dès la cour d’école… La sobriété prend le contrepied de cette dictature consumériste (ou “soft power”), dans la mesure où elle alimente par l’expérimentation un sentiment de libération vis-à-vis du matérialisme et des sirènes de la surconsommation.Times Square, temple de la consommation
  • Allons plus loin encore en réalisant nos addictions : tabac, alcool, drogues (café, chocolat, junk food, … 😁), smartphones, réseaux sociaux, informations, fringues, voyages, voitures, … autant de manifestations d’une boulimie de consommation qui nous pénalise dans ce qui nous est le plus cher : notre temps, notre santé, les relations avec notre entourage, notre estime de soi, …
    En nous permettant de reprendre le contrôle de notre consommation, la sobriété nous permet donc de retrouver un mieux-être généralisé en nous reconnectant avec ce qui compte le plus pour nous. 
  • Au passage, la sobriété réinterroge le modèle de notre société actuelle, dont le film d’animation Wall-E nous livre une vision d’avenir peu enviable, dans laquelle les hommes – tous obèses – ne se déplacent plus que dans des fauteuils électriques avec un écran devant les yeux et une boisson sucrée à la main… et rendus complètement dépendants vis-à-vis de la machine et de l’énergie qui la fait fonctionner…

    Extrait de Wall-E
    La sobriété constitue donc
    une réelle alternative à cette dépendance croissante, et peut servir un vrai projet de société dans lequel la consommation n’est plus une fin en soi, mais se met au service du bien-être collectif et individuel de l’homme et de son environnement de manière durable.

La sobriété peut donc présenter un visage beaucoup plus séduisant, dès lors qu’on prend la peine de dépasser le simple cliché de l’austérité. Mais il faut en convenir, passer de la théorie à la pratique n’est pas pour autant chose simple, il est donc temps d’aller chercher du “mieux” dans le monde réel

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