Depuis cinq ans, le marché de l’électricité a connu des variations exceptionnelles : des niveaux historiquement bas en 2020, une explosion des prix en 2022, puis un retour progressif vers une forme de stabilité. Aujourd’hui, les entreprises se trouvent à un moment charnière : les prix sont redevenus attractifs, mais plusieurs signaux annoncent un risque de remontée à moyen terme.
Comprendre ce qui s’est passé, où nous en sommes et ce qui nous attend permet d’arbitrer clairement : sécuriser son électricité maintenant ou attendre ?
1. 2020-2024 : les montagnes russes
Le graphique ci-dessous retrace l’évolution des prix spot de l’électricité en France. Il illustre clairement l’ampleur des variations observées en seulement quelques années.
En 2020, les prix étaient exceptionnellement bas – autour de 30 €/MWh – du fait de la crise sanitaire, d’un parc nucléaire très disponible et d’un prix du gaz historiquement faible.

Dès 2021, la reprise économique entraîne une hausse. Puis 2022 marque un tournant brutal : tensions géopolitiques, indisponibilités nucléaires, flambée du gaz et du CO₂. Les prix atteignent des niveaux inédits, dépassant parfois 1 000 €/MWh.
À partir de 2023, le marché se calme rapidement. Et en 2024–2025, le prix spot moyen revient autour de 58–60 €/MWh, même si la volatilité reste élevée.
Ce retour à l’équilibre ne signifie pas pour autant un “retour à la normale” : il est lié à une combinaison temporaire de facteurs favorables (nucléaire disponible, hydraulique élevée, demande modérée).
2. Fin 2025 : des prix à terme très attractifs… pour l’instant
Pour anticiper le coût réel d’un contrat d’électricité, ce sont les prix à terme (futures) qu’il faut regarder – ceux qui déterminent les offres fixes des fournisseurs.
Voici les prix futurs observés fin novembre 2025 pour 2026 à 2029 :

Les courbes montrent que 2026, 2027 et 2028 se situent actuellement au-dessous de 60 €/MWh. C’est la zone la plus basse observée depuis trois ans.
En clair : nous sommes dans une fenêtre favorable, qui permet de sécuriser un prix bas avant une éventuelle remontée.
3. Pourquoi les prix ne resteront pas à ce niveau
Les prix actuels pourraient laisser penser que la crise est derrière nous. En réalité, plusieurs facteurs structurels ne sont pas compatibles avec des prix durablement bas.
Le coût réel du nucléaire a augmenté
Selon la CRE, le coût complet du parc nucléaire historique se situe désormais autour de 60 €/MWh. C’est un plancher économique : produire durablement moins cher n’est pas réaliste.
La fin de l’ARENH renchérit l’approvisionnement
À partir du 1er janvier 2026, les fournisseurs perdent l’accès au nucléaire à 42 €/MWh. Ils devront acheter 100 % de leur électricité au prix de marché, mécaniquement plus élevé.
Le réseau devient plus coûteux
Les besoins d’investissement (modernisation, flexibilité, stockage, raccordements renouvelables) augmentent les frais d’acheminement.
La géopolitique reste un facteur de risque majeur
Même avec une dépendance réduite au gaz russe, l’Europe reste liée au marché mondial du gaz. La moindre tension au Moyen-Orient, en mer Rouge, en Afrique du Nord ou sur le marché asiatique du GNL peut provoquer une hausse rapide des prix.
Ces risques sont déjà intégrés par les marchés : les courbes à partir de 2029 remontent légèrement.
En résumé : les prix bas actuels reflètent une accalmie, pas une nouvelle normalité.
4. La bonne stratégie : sécuriser maintenant, jusqu’à fin 2028
À la lumière de ces éléments, la stratégie la plus pertinente actuellement pour une entreprise consiste à sécuriser un contrat fixe allant jusqu’à fin 2028.
Cette durée permet :
- de profiter des prix bas actuels,
- d’obtenir une visibilité budgétaire sur trois ans,
- d’éviter une renégociation en 2026 ou 2027, période où les prix pourraient être plus élevés,
- de lisser la volatilité dans un marché incertain.
Beaucoup de fournisseurs proposent déjà des contrats 2026–2028, même si votre contrat actuel court encore sur 2026 ou 2027. Les renouvellements anticipés sont possibles et souvent avantageux.
Conclusion
Les marchés montrent aujourd’hui une fenêtre rare : des prix à terme attractifs et une stabilité relative, à la veille d’un changement structurel majeur (fin de l’ARENH). Mais les fondamentaux du système – coût du nucléaire, réseau, CO₂, géopolitique – laissent peu de chances à un maintien durable de ces niveaux.
Sécuriser un contrat jusqu’en 2028, maintenant, permet de bénéficier de ces prix bas et de se prémunir contre une hausse probable dans les années à venir.
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